Retour vers Octobre 2021

Six mois après la sortie de son premier projet, Peli pour l’kartier, Lisko Peligrosso, qui avait déjà fait bonne impression, a fait son retour avec le second volume. Composé de 7 titres ce projet accueille des collaborations avec Gicma140, Kdeux, Baltistudio et Jiben (artistes assez méconnus). En ce qui concerne la production on pourra retrouver, entre celles des beatmakers inconnus, une composition de Voluptyk. Présent depuis très peu de temps, le natif du 92 s’affiche déjà comme un profil prometteur très intéressant. En effet Lisko possède de nombreuses cordes à son arc qu’il maitrise avec grande facilité, ce qui lui permet alors de passer de styles en styles sans perdre en qualité. Ces différentes ambiances se voient illustrées sur ce projet « carte de visite » avec des titres énergiques/estivaux comme « De quoi tu m’parles » ou « Zone » (ft. Jiben), des titres assez calmes/planants comme « Pourquoi » et « Délire » (ft. Baltistudio), ou plus rappés comme « Introgrosso », « Maximum » (ft. Gicma140 & Kdeux) ou « Pepino ». Ce dernier peut à lui seul rassembler toutes les compétences de Lisko Peligrosso avec des couplets rappés, une prod originale, un refrain chanté et des ponts assez calmes qui fluidifient les transitions. En conclusion le parisien a, comme sur le premier volume, livré plusieurs performances originales et de grande qualité qui ne laissent présager que du bon de sa part… on attend la suite avec grande impatience !

En 2021 le rap français semble être un immense fast-food où les projets s’enchainent et s’oublient assez vite, et donc de ce fait, l’EP semble être le meilleur format pour permettre à un artiste de rester présent et de tester de nouvelles choses sans trop grande pression. Cela, Mac Tyer l’a bien compris en décidant de lancer en 2020 la trilogie Noir. Composé de 11 titres, ce chapitre final accueille des collaborations avec Leto, Freeze Corleone et Msieur, un artiste méconnu du grand public. En ce qui concerne la production on pourra retrouver, comme sur Noir et Noir. II, Prof366or et OG’s. Flem, Geo On The Track, Jeff du Futur et Mohand viennent compléter le casting de beatmaker. Fidèle à lui même et toujours en pleine forme, le Général nous livre ici un projet qui réunit des titres kickés, mélancoliques, obscures mais aussi des titres comme « Gang » ou « Paul Wall » qui nous rappellent un Mac Tyer d’antant et ce avec une facilité d’adaptation aux tendances qui changent très vite. Cette adaptation s’illustre en plus des choix de prods, des thèmes abordés et des flows, par le choix des invités qui, comme sur les deux premiers volets, sont très en vogue. Avec Freeze Corleone le natif d’Aubervilliers nous donne à manger avec un passe-passe des enfers qui fait référence à des événements géopolitiques tels que la guerre et les complots. Sur « Nos quartiers » avec Leto on pourra apprécier une mélodie mélancolique très envoutante. Cette grande mélancolie on peut aussi la retrouver sur le très bon « Mauvais temps » (ft. Msieur) ou bien sur « Président » qui semble être le titre le plus politisé du projet. Les autres morceaux sont tous aussi efficaces et nous rappellent que Mac Tyer n’a rien perdu en ce qui concerne son écriture très référencée/pessimiste ou bien ses choix de prods qui véhiculent des ambiances assez pesantes. Au final Noir. III est à la hauteur, voir encore mieux, que les précédents et montre que le Général semble être parti pour continuer son parcours au sein du rap français pendant encore un bon bout de temps.

Trois ans après son premier projet Jeune Loup Nyda a fait son retour avec la mixtape Acte 1 : Le réveil du loup qui semble être le début d’une série. Composé de 13 titres, ce projet accueille des collaborations avec Kosta, Captaine Roshi et logiquement Gradur. En ce qui concerne la production on peut retrouver des compositions de SPN, Baille Broliker, Trent, Mehsah, Akuma, Rims, MB BEATS, FLS et Narcos. Parfaitement entouré, le roubaisien semble donc être dans des conditions idéales pour laisser parler son énorme talent, car oui, Nyda est un artiste hors-pair qui mérite une exposition bien plus grande. Réellement varié, ce projet qui est défini comme une mixtape ne possède pas de véritable structure avec des titres très différents qui s’enchainent sans que cela soit perturbant… au contraire ! Véritable kickeur Nyda nous lâche d’énormes prestations comme sur « Somme » qui est assez sombre et très rappé, sur « Authentique », « Tout seul » et « 3 Singes » qui sonnent très old-school, ou bien sur « Le large » et « L’art et la manière » qui sont eux plus dans l’ère du temps. Kickeur mais aussi lyricist capable de véhiculer de véritables émotions, le natif du 59 se livre avec des morceaux plus introspectifs et mélancoliques comme « Je tombe, je me relève », « Plus le temps » ou « No no » (ft. Captaine Roshi). Le seul véritable tube, « Trop tard » (ft. Gradur), est lui très efficace et original dans le chant et dans la mélodie. Sûr de lui et au top de sa forme, Nyda nous a livré avec Acte 1 : Le réveil du loup un projet complet et très solide où aucun titre n’est à mettre de côté. Cette mixtape, qui figure déjà parmi nos projets préférés de l’année, prouve un peu plus que Nyda est un artiste au talent immense qui mérite une attention toute particulière. Bravo !

Actif depuis 2018, Captaine Roshi figure parmi les plus grands espoirs de la scène rap française. Particulièrement productif avec une qualité toujours au rendez-vous, le dragon de Villeneuve-Saint-Georges a publié quatre projets en un an (2019/2020). Le dernier en date (son 5ème), Road To Larosh, semble annoncer son tant attendu premier album qui devrait voir le jour en 2022. Composé de 11 titres, Road To Larosh accueille des collaborations avec Guy2Bezbar, Malty2BZ, Wit. et La Fève. En ce qui concerne la production on peut retrouver un casting composé de Cartier (son producteur attitré), Arthur Vitel, ELK, Louis Stu, Manrey, Marcelino, Mokaz, Outhman, Ponko, Seak, Shaz et Wunda. Distribué en guise d’apéritif, cet EP ne contient pas de véritables révolutions artistiques mais consolide les bases du Captaine. On peut donc retrouver, comme sur les précédents, des titres chantés et planants comme « Nouveau voyage », « Amère » ou « Pas comme hier » mais surtout des performances qui débordent d’énergie comme par exemple « Les fous » et « 94 Diez » (ft. Malty2BZ) ou bien des morceaux plus oppressants et lugubres comme « Lumière » et « Du Mal » (ft. La Fève). Les invités eux imposent parfaitement leurs univers respectifs (digital pour Wit., rue pour Malty2BZ, lugubre pour La Fève) et ne donnent pas un effet de rajout/bricolage inutile. Pour conclure, Captaine Roshi ne cesse de progresser et de faire monter l’engouement autour de lui en enchainant les buts comme un jeune Ronaldo à l’Inter de Milan. On attend Larosh !

Deux ans après son dernier album, De Rien, le montréalais Enima a fait son retour avec Résilience. Composé de 16 titres, la majorité du projet est produite par Enima lui même. C2S, Congo Bill et Rudynovski viennent compléter le casting de beatmaker. En ce qui concerne les invités on peut retrouver PLK, TK et Norsacce. Ni trop court ni trop long, Résilience accueille des titres aux ambiances différentes sans toutefois dénaturer ou mettre de côté l’univers du canadien. En effet, on pourra y retrouver des titres purement egotrips et kickés comme « Sono » ou « BNB » (ft. PLK), des titres plus sombres avec une bonne dose d’autotune comme « Fantôme », des hits ultras efficaces comme « SVR », « Or » et « Devilish », mais aussi des morceaux plus nostalgiques, mélancoliques et introspectifs comme « Corbeau », « Bad Boy » ou « Gunner ». Tous très bien construits avec des effets de prod, des ponts et refrains performants et des flows qui changent au sein même des titres, ces différents morceaux sonnent comme cohérents avec l’egotrip du québécois qui tourne autour des thèmes de l’argent, de la drogue, du sex ou bien du confort matériel. De plus, ces thèmes qui sont repris par un grand nombre d’artistes d’aujourd’hui sonnent comme fluides et parfaitement adaptés aux sonorités, flows et visuels d’Enima qui peut alors prétendre au trône de roi du flex. Pour conclure, Résilience est un album où l’on ressent un véritable travail à tous les niveaux, que ce soit sur le fond avec les prods, flows, textes, et sur la forme avec des visuels originaux et atypiques. Ce septième projet du canadien figure déjà parmi nos préférés de l’année.

Un peu plus d’un an après sa première mixtape Cité Blanche qui nourrissait d’immenses espoirs autour de lui, Larry nous a dévoilé son tant attendu premier album intitulé Petit Prince. Composé de 15 titres, ce dernier accueille des collaborations avec des têtes d’affiches de la scène rap francophone à savoir Maes, Leto et Hamza. Du côté de la production on pourra retrouver Mitch Wave qui le suit depuis ses débuts mais aussi Noxious, Dogg SoSo, Bersa, Danny Synthé, Ponko, Oz Touch Swy V et Voluptyk. Plus abordable pour le grand public, Petit Prince possède logiquement des titres comme « Colis » (ft. Maes), « Goosbumps » (ft. Hamza), « Baby » ou « Sirènes » qui sont chantés, entrainants et orientés tubes/hits. D’autres morceaux comme « Noblabla » et « Double L » (ft. Leto) sont eux à mi-chemin entre rap énergique et refrain club et montrent encore une fois une réelle envie de la part du strasbourgeois de se diversifier sans travestir son univers musical forgé depuis ses débuts. Cette base musicale qu’est le kickage avec comme thème la rue, l’argent, la famille etc. sera bien sûr présent dès l’intro avec « Gothvm » puis avec « Zig Zag », « VNTM » et « Crackfood ». Aussi, Petit Prince ne serait pas complet, et donc réussi, sans des titres un peu plus mélancoliques et introspectifs comme « Vœux » et « 6T ». Pour conclure on peut dire que Larry a franchi comme il se doit une nouvelle étape dans sa carrière avec un album solide et diversifié qui va surement faire de lui une tête d’affiche du rap francophone dans les temps à venir.

Présent depuis plus d’un an, le très imposant Olazermi a enfin dévoilé son premier projet, l’EP OTCHO. Composé de 8 titres, ce dernier a été intégralement produit par le désormais reconnu Ikaz Boi avec qui Olazermi avait déjà collaboré sur le titre « Code 46 ». Tout le long de l’année 2021 le parisien a aiguisé sa plume et son univers violent en dévoilant une série de freestyles nommée « FSR » mais aussi en apparaissant aux côtés d’artistes qui lui ressemblent comme Ratu$, Big Moss ou bien Dinero. Sur OTCHO, qui peut être considéré comme un projet commun tant l’alchimie avec Ikaz Boi est forte, Olazermi nous montre l’aboutissement de son travail effectué ces derniers mois en nous lâchant des écrits originalement référencés, crus, violents/hardcores, le tout avec une des voix les plus imposantes du rap français. Même si les 8 titres sont assez similaires dans les flows et les écrits, Olazermi s’affiche comme une belle promesse et nous montre avec le plus mélancolique « Dans la ville » que sa marge de progression est encore grande. Les ambiances elles sont gérées à la perfection par Ikaz Boi et sont dans la majeure partie du temps en phase avec le titre du morceau (ambiance nocturne pour « Dans la ville », sonneries de téléphone pour « Phone Game », ambiance aérienne et énergique pour « 20. Cent »). Des écrits chocs, des ambiances pesantes et un univers qui se met petit à petit en place, Olazermi a passé avec brio le premier niveau du jeu. On attend la suite avec « Dakatine » dans les oreilles !

Seulement 2 mois après son 4 titres intitulé Obsidian ProdByToxic nous a dévoilé le premier volume de son effrayante SINISTER TAPE Vol. 1. Logiquement producteur exécutif du projet, TXC y a invité BNL Julio, O.D, Thanas, Jonas Craig, Ritchi LMG, Vratis et Lil Gee pour poser leurs voix sur ses créations mais également Pana et Unknown pour l’épauler sur le 100% instrumentale « Cerbère ». Sorti deux jours avant Halloween et arborant une citrouille sur sa cover, SINISTER TAPE Vol. 1 est cohérent et en phase avec la colonne vertébrale artistique à savoir l’horreur, le lugubre, l’effrayant. De plus, chaque titre renvoie à un élément de l’univers horrifique comme par exemple « Freddy » et « Michael Myears », les personnages des sagas « Freddy les griffes de la nuit » et « Halloween », ou bien « Cerbère » et « Ghostface ». Si la forme est bien dans le thème, le fond l’est lui aussi avec des ambiances qui renvoient aux titres des morceaux. En effet on peut retrouver une ambiance loufoque et décalée digne d’un Tim Burton sur « Spooky Gurl » (ft. Thanas), un piano oppressant et un flow incisif pour le méchant « Michael Myers » (ft. O.D) ou alors un sentiment de course poursuite dans une forêt obscure avec « Jacob Black » (ft. Jonas Craig). Avec une ligne directrice parfaitement respectée et des invités investis pour transmettre les bonnes émotions, TXC signe une très bonne performance qui nous fait déjà penser au prochain Halloween.