TOP

À table, Maka a sorti les couverts !

Un an après la sensation « Noir » Maka a enfin dévoilé son premier projet, l’EP de six titres Sortez les couverts Vol. 1. Pour l’occasion on s’est entretenu avec le belge pour aborder ses débuts, son entourage, sa collaboration avec Olazermi ou encore sa vision de la scène liégeoise.

Ça y est ton premier projet est dehors, comment tu te sens ?

Je suis content hein ! Je suis content c’est un premier projet et j’ai des bons retours, beaucoup de bons retours. Du coup ouais je suis très content !

Même si la majorité des gens te connaissent sous le nom de Maka tu n’en est pas pour autant un petit nouveau. Est-ce que tu peux nous parler de la période où tu t’appelais encore BSV ?

La période où je m’appelais BSV c’est une période où la musique c’était pas, comment dire ? C’était pas sérieux.

C’était pas une priorité ?

Voilà exactement c’était pas une priorité tu vois. C’était vraiment de l’amusement. Je faisait vraiment de la musique pour m’amuser. Je faisait de la musique pour m’ambiancer avec mes gars. Y’avait rien de concret même niveau travail j’allais au studio tous les sept mois.

Quand tu t’appelais encore BSV tu faisais partie du groupe Lexus Gang. Comment ça t’a façonné artistiquement ? Tu en as tiré des choses de ça ?

Bah ouais parce que en vrai quand j’ai commencé à rapper j’étais déjà dans le groupe du coup j’ai évolué, j’ai grandi avec ça.

Ça t’a fait tes bases !

Exactement j’ai commencé mes premiers textes, j’ai tout commencé avec mon groupe tu vois. Donc depuis le début, même jusqu’à aujourd’hui, on est toujours là.

T’as encore des contacts avec eux ? Ils t’aident dans tes démarches artistiques ?

Toujours, toujours. L’équipe a pas changée. C’est juste que moi j’ai continué dans ça.

Du coup c’est quoi qui t’a poussé à te lancer en solo ?

C’est les objectifs en vrai tu vois. On rappait pas tous déjà. On était quatre/cinq à rapper dedans mais genre y’en avait trois qui rappaient juste pour délirer comme ça et voila ! On avait pas les mêmes objectifs, et du coup moi j’ai vu qu’il y avait réellement quelque chose à faire. Du coup on en a discuté entre nous et on s’est tous dit faut que tu fasses quelque chose de bien, nous on sera là derrière toi. On fera ce qu’il y a à faire.

En 2020 tu as changé de nom, tu t’es nommé Maka. Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Pour écrire une nouvelle histoire en vrai.

Comme Makiavel qui a simulé sa mort pour prendre un nouveau départ ?

Exactement ! C’est la réf ! D’où vient mon blaze en vrai !

©Yasin Goçer pour Lissen
©Yasin Goçer pour Lissen

Désormais Maka tu as commencé à publier des titres comme « Calibré » ou « Noir ». Comment tu as vécu ce nouveau départ ?

Ça a été tout un changement. C’est à partir de « Calibré » que les choses ont été faites sérieusement et professionnellement. C’était un gros changement, il a fallu que je m’adapte et que je comprenne beaucoup de choses.

Parmi les 6 titres du projet on peut retrouver « Noir » qui a bientôt un an. Pourquoi avoir choisi de l’intégrer à Sortez les couverts Vol.1 ?

Parce que c’est le premier réel son qui a vraiment, vraiment, fait parler de moi. Du coup on s’est dit qu’on allait le remettre dans le projet.

T’as bien fait !

De ouf !

Ozhora Myagi est ton producteur attitré et manageur. Comment s’est construite votre relation ?

En vrai moi et Ozhora on se connait déjà. Moi j’avais des contacts avec son petit frère, c’est un gars à moi tu vois. Depuis que j’ai commencé à rapper il me suivait déjà, il suivait déjà ce que je faisait, du coup voilà il a parlé de moi à ses frères. Du coup les connexions elles se sont faites comme ça. Ils ont kiffé aussi ce que je faisais. Ils ont vu aussi qu’il y avait des trucs à faire avec moi, du coup on s’est mixé.

Durant sa carrière Ozhora a collaboré avec Booba, Lil Wayne, Tory Lanez ou SCH. Est-ce que ce sont des artistes qui t’inspirent ?

Dans le monde musical ouais. Je pense que tous les artistes inspirent.

Booba t’a inspiré, en termes de rap français ?

Après en vrai de vrai moi je suis un nonante-huit du coup quand je suis né, quand j’ai grandi, Booba jusqu’à aujourd’hui je l’ai toujours entendu donc en vrai que tu le veuilles ou non il est là. Comme lui et comme plein d’autres artistes aussi qui ont été là et qui sont toujours là en même temps que lui.

Comme la Mafia K’1 Fry, Rohff et cætera…

Ouais exactement !

Mais du coup, es tu aussi inspiré par d’autres courants que le rap ?

Ouais moi j’écoute de tout.

Pour ton premier projet tu as confié l’artwork à Yasin Goçer. Comment s’est faite cette connexion ?

C’est la famille ! Il ne veut que moi ahah ! Il ne veut rien savoir des autres ! Moi j’aime ce qu’il fait et lui il aime ce que je fais.

Cover de Sortez les couverts, Vol. 1
Tracklist de Sortez les couverts, Vol. 1

Pour en venir au projet, on peut voir sur la cover, qui est peu colorée, un contraste entre le premier plan (luxueux avec un majordome) et l’arrière plan (mur gris usé). Pourquoi ce choix ?

Je voulais montrer, entre guillemets, pas qui je suis mais ce que je veux montrer. Je pense que tu peux amener le chic dans la rue. Les gens qui voient la rue que dans le mauvais, bah tu vois moi j’ai voulu montrer à ces gens là que y’a pas que le mauvais dans la rue. Y’a plein de belles choses. On peut être dans le luxe aussi.

Maintenant qu’on a parlé de l’aspect visuel on va rentrer dans le vif du sujet. Sur l’intro on compte 3 couplets avec chacun une instrumentale différente. Est-ce que tu as voulu montrer d’emblée ta polyvalence ou ça s’est fait naturellement sans calcul ?

En vrai ouais j’ai voulu montrer qu’on pouvait rapper et mettre de l’ambiance et cætera… Dessus on a voulu marquer le coup. Être différents. Faire une intro différente.

Pour la grande majorité d’entre eux tes textes abordent des sujets comme la rue, la drogue mais surtout l’argent qui est le thème principal de « Minimum ». Pourquoi ce dernier thème est si présent dans tes textes ?

Bah l’argent c’est synonyme de liberté tu vois. Quand je dis faire de l’argent je dis pas faire de l’argent n’importe comment. Tu fais de l’argent t’es libre. Tu fais de l’argent tu peux mettre bien ta famille. Après ma vie elle tourne pas autour de ça tu vois. C’est pour ça que je dis que c’est synonyme de liberté.

Depuis « Calibré », ton premier single, tu n’as pas fait de titre réellement introspectif. Sur l’EP on en compte un, « La Mélodie du Drame ». C’était important pour toi de montrer un autre visage et de plus te livrer ?

Oui parce que j’avais pas encore sorti un son comme ça, et du coup il fallait qu’il soit dans l’EP pour montrer encore une autre manière, une autre technique.

Pourquoi l’avoir positionné en outro ?

Parce que ça annonce une fin de projet. C’est un son calme, c’est posé. Parce que dans l’EP il y a pas mal de sons qui bougent, y’a un peu de tout, et y’avait pas de sons comme ça. Donc je me suis dit on va le mettre à la fin comme ça ça annonce aussi la fin du projet.

©Yasin Goçer
©Yasin Goçer

Deuxième extrait de Sortez les couverts Vol. 1, « Joujoux » a relativement bien été accueillie sur les réseaux sociaux et t’a même permis d’être partagé par Timbaland. Comment tu as vécu cela à l’approche de la sortie de l’EP ?

Oh j’étais grave content ! Timbaland c’est une dinguerie ! Une dinguerie !

Sur l’intro justement tu dis « On parlera pas sur Internet, c’est en réel qu’on fait la sauce ». C’est quoi ton rapport aux réseaux sociaux qui sont aujourd’hui primordiaux pour les artistes ?

Je pense que aujourd’hui les réseaux sociaux c’est ce qui fait l’artiste médiatiquement parlant tu vois. Tu dois montrer ta vie, les gens ne s’arrêtent plus que sur la musique. Ils veulent connaitre ta vie, ils veulent savoir ce que tu manges, où tu fais les magasins, où t’achètes des chaussures. Ils veulent tout savoir. Ça permet aussi aux gens de se retrouver, en toi peut-être, et de voir une autre image de toi. Parce que tu peux rapper la rue, la rue, la rue dans tes sons mais dans tes snaps tu peux faire que rigoler. C’est pour que les gens voient qui t’es réellement. Je pense que écouter un artiste sans voir son visage ou sans voir sa vie tout ça c’est pas bon… Aujourd’hui je pense qu’il faut vraiment voir ce qu’il fait, comment il vit, son délire, ses potes, là où il traine.

Sur les réseaux sociaux justement, le rap belge se résume souvent à Bruxelles. Toi tu es de Liège. Comment tu vois ça ?

En vrai j’en veux même pas aux personnes qui disent ça parce que on a pas encore eu cette lumière là sur nous. C’est normal aussi, c’est une capitale où il y a beaucoup de talent. Comme je dis, il faut juste le temps que la lumière vienne vers nous mais là c’est en train de commencer à venir. Y’a un soupçon de lumière sur nous là. Faut juste se donner les moyens.

Justement à Liège on peut noter la présence d’artistes comme Bakari ou Green Montana. Ce sont des artistes qui te touchent et avec qui tu pourrais envisager une collaboration ?

Ouais je respecte leur travail et j’aime bien ce qu’ils font. Du coup voilà qui sait si un jour y’a quelque chose à faire pourquoi pas…

Sur les 6 titres de Sortez les couverts Vol. 1 on retrouve une collaboration avec Olazermi. Lui est à Pierrefitte-sur-Seine, toi à Liège, vous avez enregistrés ensemble ou de manière interposée ?

Le son on l’a fait à distance. Avec Olazermi on a des contacts en commun. Il a kiffé le morceau, nous aussi on kiffé comment il a posé sur le morceau. Ça a crée « En Balle » et je suis super content du morceau.

Même si tu as déclaré que tu aimais beaucoup Olazermi pourquoi l’avoir choisi sachant que ton univers, du moins sur la forme, est assez éloigné du tien ?

Je pense que c’est l’artiste qui m’attire le plus pour le projet. Moi j’ai pensé à lui. L’équipe, sans en avoir parlé, à aussi pensée à lui.

Pour illustrer tes écrits qui sont assez bruts tu optes souvent pour des clips esthétiques avec des décors luxueux. Pourquoi ce contraste ?

Encore une fois c’est un peu comme la cover du projet. C’est deux monde qu’on peut associer. C’est deux mondes qu’il faut pas avoir peur d’associer. C’est l’image que je veux dégager.

Nommé Sortez les couverts Vol. 1, on suppose logiquement qu’il y aura une suite à ce projet ? Une trilogie ?

Pourquoi pas…

Avec à la fin un album qui s’appelle À Table ?

Ahahah qui sait !

Du coup t’es en préparation dessus ?

Oui on est déjà sur la suite !

Merci de nous avoir accordé de ton temps.

Merci à vous.

©Yasin Goçer pour Lissen